jeudi 26 février 2009

EXCEPTIONNELLE au théâtre André BOURVIL

Ça y est. Après le disque en 2006, le projet "Brassens dans le texte" va exister sur scène à Paris pour une soirée exceptionnelle le samedi 7 mars à 19h00 très précise. Brassens lui-même disait : "il faut que le public qui m'écoute oublie la musique. Il faut que la musique (de mes chansons) soit comme de la musique de film, qu'elle soit en-dessous. Il ne faut pas qu'elle prenne le pas sur les paroles. Il faut qu'on l'oublie. Il faut que cela me vaille le titre de type qui ne sait pas écrire de la musique. Et quand on dit : Brassens ce n'est pas de la musique, c'est des paroles, on ne se rend pas compte de l'honneur que l'on me fait".

La génèse de ce spectacle remonte à de nombreuses années en arrière. Brassens, pour moi, c'est d'abord un vinyl noir qui tourne en boucle sur le vieux pick-up de mes parents les mercredi où je restais seul en attendant le retour de ma mère pour midi. Le virus m'a été transmis par mon père. Sans conteste, c'est son chanteur préféré et je pense que c'est pour me rapprocher de lui que j'écoute le seul disque que nous avions. J'ai 8 ans environ, et je suis loin de comprendre le sens des paroles. Ainsi, c'est au premier degré que je saisis "La guerre de 14-18". Imaginez le tremblement de terre que j'ai pu ressentir en grandissant. Dès lors, c'est devenu une forme de challenge pour moi de m'imprégner de l'oeuvre de Tonton Georges.

Or en l'explorant, j'en ai découvert la saveur particulière. Si toute mon adolescence, j'ai voué un culte à Jacques Brel, même si je considère toujours que mon sang bout de la même ferveur que l'Abbé Brel, je considère aujourd'hui que Brassens représente la voie de la sagesse, la petite musique du Bonheur. Surtout, la finesse et la richesse du vocabulaire de Georges Brassens me porte à l'exploration de son lexique et de ses références. Ainsi, j'en apprends tous les jours, découvrant le subtil mélange des expressions populaires, de la culture classique et la fusion unique du créateur.

Et poussant encore plus loin cette approche, je découvre presqu'accidentellement que Brassens est le roi de l'enjambement. On peut légitimement dire qu'il est le seul auteur de chansons que l'on peut lire tout à fait différemment de ce que l'on écoute. Alors mélangeant mon attrait pour cette poésie et ma passion pour cette langue survitaminée, je me mis en tête d'en transmettre la substantifique moëlle à mes enfants. Un travail de titan. Tant de références, tant de concept à décrypter. Je m'y attèle en choisissant l'aspect poétique de l'oeuvre de Georges Brassens. Or j'en découvre par là-même la dimension théâtrale. Tout-à-coup, les chansons les plus rébarbatives, comme "Le blason", deviennent des sources intarissables de ravissement et de délectation.

Alors je plonge. J'achète les textes dans une intégrale. Je fouille, j'explore en faisant mon travail de comédien. Je m'imprègne, j'essaie des personnages, des situations. Je crée des sketches, des tacitures adaptées. Je tatonne. Des accidents créatifs me révèlent une façon intéressante d'interpréter tel ou tel texte. Enfin, une thématique se dégage. Aujourd'hui, je privilégie la truculence et la gauloiserie pour ce premier spectacle. J'ai une soixantaine de textes en tête, dont quelques inédits. Je dois n'en garder qu'une vingtaine pour tenir une heure, selon la contrainte des programmateurs. Quelle frustration! Je me console en pensant que ce samedi, je jouerai la V.1, un premier jet de ce sacerdoce qu'est devenu pour moi l'interprétation sans musique de Brassens.

Samedi, et plus régulièrement si vous m'aidez à faire de cette représentation un succès, mon objectif sera notamment d'obtenir votre quitus, de vous entendre légitimer ma démarche, vous les amis inconnus et intimes de Georges. Je veux croire que Brassens n'eut pas renié mon travail et eut apprécié d'entendre ses textes avec la petite musique du théâtre.

Alors rendez-vous samedi 7 mars 2009
Théâtre André BOURVIL
13 rue des Boulets - Paris 11
M° NATION ou Rue des Boulets.
à 19h00 très précise (il y a un autre spectacle après)
Pré-vente : 10 € sur réservation au 01 48 81 02 79
Sur place : 20 €

Au plaisir de vous y saluer.

Frédéric VENANT